vendredi, octobre 24, 2008

Pierrick

chives
Publié le : vendredi 22 août 2003


Corps découpé : les auteurs présumés écroués

C’est dans cette paisible maison de Blainville que le drame s’est noué. Photo Alexandre MARCHI

Les deux hommes ont reconnu les faits au cours de la nuit dernière avant d'être présentés au parquet. Une dispute futile a tourné au plus macabre des scénarios.

NANCY. - Après plus de 24 h de mutisme, quelques heures avant la fin de garde à vue, Jean-Christophe Lièvre a fini par parler. Cet habitant de Blainville-sur-l'Eau âgé de 29 ans, a enfin raconté le drame, la dispute à son domicile de la rue du Bac avec un ami occasionnel, PierrickLecointre, à 3 h dans la nuit de jeudi à vendredi. Les coups ? Il aurait enfoncé la boïte crânienne de sa victime à force d'acharnement, en le frappant avec l'accoudoir en bois d'un canapé.

Daniel Prévost, 50 ans, dormait à l'étage au moment des faits. Alerté par le bruit, il a découvert la scène, le sang. Les deux hommes ont tout nettoyé. Ils ont tenté de cacher le corps, puis de le transporter dans une armoire qui a cédé. Ils l'ont alors caché derrière un canapé. Deux jours d'angoisse. Ils ont finalement eu l'idée de le dissimuler dans des sacs et de les lester au fond de la Mortagne à Moyen. Un endroit qu'ils connaissaient bien pour être allés s'y baigner à de nombreuses reprises au cours des jours les plus chauds. Mais il fallait bien découper le corps pour le faire entrer dans les sacs. Daniel Prévost est boucher dans un restaurant. Ils ont jeté les deux sacs dans la rivière vers midi.

Hier, les deux hommes ont été présentés au parquet de Nancy puis au juge d'instruction. Ils devaient être écroués à l'issue de leur présentation devant le juge des libertés et de la détention. Jean-Christophe Lièvre est mis en examen pour homicide volontaire. Daniel Prévost pour recel de cadavre et destruction des lieux d'un crime.

Le mobile ? Une simple dispute pour un motif « tellement futile qu'on ne peut l'évoquer », commente Chantal Ramey, procureur adjointe à Nancy. « Mais l'auteur présumé ne s'explique pas lui-même comment il a pu en arriver là ».

Lundi, à la découverte des deux sacs contenant le cadavre, les gendarmes avaient déployé un dispositif énorme sur les lieux pour collecter le plus grand nombre d'informations possibles. L'une d'elle s'avérera capitale. Un jeune homme du village de Moyen avait été intrigué par la présence d'un véhicule original près de la baignade. Il avait d'ailleurs mémorisé le numéro d'immatriculation. Le lendemain, un autre témoignage parvenait sur le bureau du patron des gendarmes. Un ex-major de la gendarmerie venait de recueillir les confidences d'un voisin intrigué par le comportement curieux de l'un des deux mis en cause. Les deux informations recoupées ont ainsi permis de mettre la main en moins de 24 heures sur l'auteur présumé du meurtre et son compagnon. Deux individus qui n'avaient jusque-là jamais fait parler d'eux.

Le drame plonge dans la détresse la famille de la jeune victime nancéienne, tout comme celles des deux auteurs présumés. On s'interrogera longtemps sur ce qui a pu transformer une simple dispute en véritable scène de cauchemar.

Didier FOHR

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